LA CULTURE POPULAIRE EN SA DEUXIEME ANNEE Signes De Réussite Et Conditions De Continuité
Issue 5
Avec ce cinquième numéro, La Culture populaire entame la deuxième année d’une existence dont nous espérons qu’elle sera, avec la grâce de Dieu, très longue. On peut penser qu’une année de la vie d’un périodique n’a pas grande signification au regard des publications couvrant le même champ de recherche dans les pays les plus avancés – où de si nombreuses expériences scientifiques et culturelles ont pu s’enraciner et s’inscrire dans la durée, s’affirmant, de génération en génération, comme autant de jalons et de hautes réalisations de l’esprit humain –, il reste que, dans nos pays, où tant de publications se trouvent rapidement escamotées ou condamnées à mourir à petit feu quand elles ne sont pas sciemment détruites, du fait des luttes d’intérêt et de l’ignorance de la valeur de la culture populaire, la première année constitue un véritable test révélateur de la solidité du projet.
C’est, en même temps, un indicateur quant au sérieux et à la validité de la démarche, aux vastes perspectives qu’elle ouvre à la réflexion sur les problèmes de ce type de culture et à la qualité de la collecte, du classement, de l’archivage et de l’analyse de ce qui en constitue la matière.
Nous avons, pour notre part, des raisons de regarder avec quelque fierté les résultats accomplis, au cours de la brève existence de cette revue, ainsi que les indices que l’on peut dégager des quatre premiers numéros, et qui sont révélateurs de la conjugaison des efforts tant populaires que publics ou internationaux prodigués pour assurer à cette publication les conditions essentielles de réussite et de longévité. Ce sont en effet ces conditions qui ont permis à La Culture populaire d’avancer, selon un mouvement ascendant, de la façon la plus rigoureuse et concertée, vers la réalisation des objectifs qui lui étaient assignés. La confiance inestimable que Sa Majesté Hamad ibn Al Khalifa, Souverain du Royaume de Bahreïn, que Dieu le garde, nous a accordée, le soutien matériel et les encouragements personnels qu’il n’a cessé de nous prodiguer, ainsi que la mission aussi difficile qu’exaltante confiée à la revue et qui est d’oeuvrer à transmettre le message de la culture populaire que le Bahreïn adresse au reste du monde, en coopération avec une organisation internationale, l’IOV, dont les activités couvrent pratiquement tous les pays du monde, une si grande confiance et une tâche nationale aussi essentielle nous furent un devoir et une responsabilité en même temps que les premières conditions pour la réussite d’une expérience naissante qui se trouvait confrontée à tous les défis que suppose la publication régulière de recherches spécialisées touchant l’ensemble du monde arabe.
régional de l’Organisation Internationale de l’Art Populaire (IOV) ne relève ni du hasard ni d’une quelconque complaisance à l’égard de qui que ce soit. Le Bahreïn s’était en effet préparé, au long de son histoire, à jouer un tel rôle et à assumer bien d’autres responsabilités majeures. Sa position géographique entre occident et orient, en tant que point de contact et de communication, au plan international, les arts innombrables venus des côtes africaines ou iraniennes que le pays a accueillis et intégrés aux côtés de son propre héritage artistique, outre cette haute capacité humaine qui est celle des insulaires à s’ouvrir naturellement sur l’autre, à accepter la différence et la multiplicité et à s’adapter de façon active aux autres races, cultures, religions, confessions et langues, ainsi que la place éminente conférée à la culture populaire, tant dans les cercles officiels que chez les citoyens ordinaires, et la sollicitude royale dont le Festival du Patrimoine est entouré depuis dix-sept ans, tous ces facteurs ont concouru à faire de Manama le siège régional qui assure, dans la quiétude et la sécurité, l’organisation des activités de l’IOV dans la zone Moyen-Orient/ Nord de l’Afrique.
A cela s’ajoutent les efforts soutenus déployés par les membres bahreïnis de l’Organisation internationale ainsi que le rôle que certains d’entre eux ont joué pour qu’elle voie le jour, en Autriche, à la fin des années 70. Un tel rôle historique joué par le Bahreïn au service de la culture – rôle dont nous espérons aussi qu’il contribuera efficacement à unifier les efforts du monde arabe, en tant qu’il représente un immense champ d’intervention couvrant les trois-quarts de la région du Moyen-Orient et la totalité du nord de l’Afrique, pour assumer la mission mondiale qui est la sienne au service de la protection et de la promotion du patrimoine populaire – a également permis de jeter les bases d’un partenariat logistique, scientifique et administratif entre La Culture populaire et l’IOV qui a contribué à renforcer les aspects scientifiques relevant des domaines de spécialité de la revue et à faire parvenir le message du patrimoine aux lecteurs jusque dans des régions fort éloignés du monde que nous n’aurions pas un jour rêvé de toucher. La Conférence générale de l’IOV, tenue à Manama, au milieu du mois de décembre dernier, ainsi que la rencontre qui s’est déroulée entre Sa Majesté le Roi du Bahreïn et la Présidente de l’Organisation, Madame Carmen Padilla, son Secrétaire général, Monsieur Hans Holtz et les autres membres de son Conseil d’administration, dans le cadre de la célébration de l’ouverture du Centre culturel Aïssa, sont venus couronner ce partenariat et confirmer son importance pour la réalisation des objectifs de cette revue et le renforcement du rôle qu’elle joue afin de contribuer à faire de la culture l’une des dimensions stratégiques du projet de réforme nationale du Royaume du Bahreïn.
Le niveau de réception et la qualité de l’accueil que La Culture populaire a rencontrés, qu’il s’agisse de la forme ou du contenu de la revue, peuvent être perçus à travers trois indicateurs. Le premier réside dans le nombre de travaux de recherche et de contributions académiques de haut niveau que la publication a reçus et qui ont bénéficié de toute notre attention, lors de l’élaboration des différents numéros. Le second est le désir exprimé par dix des plus grandes universités arabes de signer des accords de partenariat avec la revue en vue de mener des recherches sur le terrain sur la culture populaire et d’organiser des sessions de formation portant sur les différents aspects théoriques et pratiques, dans le domaine de la science du folklore : des accords ont été effectivement signés, dans ce cadre, et des programmes d’exécution élaborés ; la première institution universitaire à s’engager dans ce partenariat fut la Faculté des lettres et des sciences humaines de l’Université Hassen II (Aïn Chaq, Casablanca) ; il en a résulté la constitution de groupes de recherche conjoints sur le terrain au Bahreïn et dans d’autres pays arabes. Quant au troisième indicateur, il concerne le nombre d’exemplaires vendus et les demandes de copies supplémentaires émanant des différents pays, outre celles provenant des bureaux de l’IOV, à travers le monde.
Il n’est à cet égard d’ambition plus grande pour un périodique spécialisé que de réaliser l’équilibre entre, d’un côté, les exigences de l’élite formée des spécialistes et des lecteurs informés et, d’un autre côté, l’accès de la grande masse des lecteurs ordinaires à la matière publiée. A cet effet, nous n’avons épargné aucun effort pour répondre aux attentes des uns et des autres. Nous ferons, par ailleurs, tout notre possible pour répondre à la demande de tous ceux qui n’ont pu obtenir les précédentes livraisons, quitte, si nécessaire, à réimprimer les numéros épuisés.
Nous avons tenu, depuis notre premier numéro, à publier des résumés des travaux figurant au sommaire de la revue dans les deux langues anglaise et française, en veillant scrupuleusement à la qualité de la traduction, de manière à ce que le message soit transmis au monde conformément à nos exigences de qualité. Nous étions à cet égard partis de la conviction que la publication de ces synthèses pouvait suffire à donner aux lecteurs non arabophones une idée du contenu de la revue, avant d’être amenés à accepter de publier intégralement certains sujets dans l’une de ces deux langues, voire dans les deux. Mais, avec le travail de diffusion que nous avons entrepris et l’arrivée de nos deux premiers numéros en Espagne, dans les pays hispanophones d’Amérique latine, en Chine et au Japon, de nombreuses correspondances nous sont parvenues de la part de professeurs de folklore de diverses universités ainsi que de la part de nos amis de l’IOV pour que des traductions en langue espagnole et chinoise trouvent leur place, à côté des synthèses en anglais et en français.
Ces correspondances non dénuées de reproches insistaient sur l’importance de l’espagnol et du chinois, en tant que langues largement parlées dans le monde. Il fallait donc faire droit à ces demandes, et nous avons pris, l’année passée, l’engagement d’étudier la question sous tous ses aspects. Car la chose n’est pas aisée, compte tenu des problèmes que nous rencontrons pour réunir les traductions dans les délais et au niveau souhaité, mais nous avons considéré un tel appel comme un témoignage de l’intérêt suscité par nos livraisons ; nous allons, avec l’aide de Dieu, y répondre, par étapes, sur notre site web.
Nous adressons nos remerciements et notre considération à Sa Majesté le Roi du Bahreïn, que Dieu le garde et soutienne son action, à l’IOV, aux deux conseils scientifique et consultatif de la revue, à ceux qui ont contribué par l’écriture, par un avis ou une indication, ainsi qu’aux membres de l’équipe de travail de la publication. Nous saluons nos chers lecteurs qui ont accompagné La Culture populaire avec intérêt et amour. La main dans la main, nous transmettrons « la lettre du patrimoine adressée par le Bahreïn au monde ». Que Dieu guide nos pas sur la voie de la réussite.
Ali Abdulla Khalifa Rédacteur en chef