Coutumes et traditions du mariage dans les villages du Bahreïn L’exemple de Nouaydrat
Issue 3
il va se laver et qui s’appelle le jour du tanwir (« éveil ») où il achève son apprentissage relativement à cet événement. Lui aussi est pris en charge par un équivalent masculin de la daya qui joue auprès de lui exactement le même rôle que l’accompagnatrice auprès de la mariée. Lorsque cette dernière revient de la ferme, il est de coutume qu’elle prenne un engagement qui consiste en une promesse ou un serment qui seront exécutés à l’occasion de son mariage. Elle peut ainsi s’engager au nom de sa mère, de l’une de ses parentes ou de sa belle-mère par une promesse aux termes de laquelle l’une de ces femmes se chargera de lui tailler les ongles en pointe dans l’une des mosquées situées à l’intérieur ou à l’extérieur du village, à la condition qu’il s’y trouve le mausolée d’un saint qui puisse exaucer leurs voeux. Si elles respectent les engagements pris, ces voeux seront réalisés et le mariage de la jeune fille s’accomplira sous les meilleurs auspices, si elles contreviennent à la promesse, la jeune fille connaîtra des malheurs et son mariage ne pourra réussir.
L’étude passe ensuite à la nuit du henné qui revêt d’habitude une importance particulière. La séance de henné a lieu dans l’une des pièces de la demeure de la mariée car il serait fort difficile, à la fin de cette séance, de transporter cette dernière dans un autre endroit, étant donné qu’elle doit garder le henné jusqu’au lendemain afin que la couleur prenne une teinte foncée. Les habits qu’elle porte à cette occasion doivent être de couleur verte, couleur très appréciée et considérée comme de bon augure, d’autant qu’elle reflète l’environnement naturel que les villageois associent volontiers à leurs diverses cérémonies. Au matin suivant, la récitante psalmodie le mouled (nativité du Prophète), en présence de la mariée, qui est apprêtée pour l’occasion et dont le visage est voilé. Après quoi, la mariée se prépare à enlever le henné afin que la récitante puisse l’installer pour la jeloua (intronisation solennelle).
qui permettent à la jeune fille de dominer l’assistance. La récitante lui consacre, à ce moment-là, sept lectures dites jelouas, dont chacune est suivie du retrait du gilet de la mariée dont une jeune célibataire est parée afin qu’elle puisse trouver rapidement un mari. Pour ce qui est de la nuit de noce, la daya conduit la mariée à la prière avant de s’occuper de sa toilette. Pendant ce temps, les invités se mettent à table pour un dîner à la fin duquel le cortège de la mariée quitte la maison paternelle ou celle où se déroule la jeloua, précédé du marié, de son père, du père de la mariée, de sa famille ainsi que de certains membres du village. L’ensemble du cortège entonne des chants religieux à la gloire du Prophète ainsi que des poésies en l’honneur des deux familles.
Une foule imposante de femmes suit le cortège. Lorsque le marié, citant le nom de Dieu le Miséricordieux, pénètre à l’intérieur de la chambre nuptiale, la daya a déjà fini de la ranger et d’y répandre l’encens et les parfums. Un garde se tient à la porte de la chambre, pour que nulle personne portant haine ou rancune aux mariés n’y entre et ne vienne à y attacher une amulette qui soit de mauvais augure pour les mariés, vouant leur couple à la séparation ou à la stérilité. Il doit également écarter toute femme animée de sentiments de malveillance à l’encontre des mariés car celle-ci pourrait uriner dans les toilettes de la chambre nuptiale. En arrivant, le marié appelle sa future à demander la somme qu’elle souhaite pour qu’il puisse dévoiler son visage ; après quoi, la daya place la jambe de l’époux sur celle de la mariée, le cou du pied de l’homme chevauchant le pied de la femme.
C’est à ce moment-là que le marié fait offrande d’une somme d’argent et verse le musc et l’eau de rose sur leurs jambes afin que leur vie commune commence sous de bons auspices. Si l’état de la mariée interdit la consommation du mariage, il convient que des femmes mariées d’un certain âge, parmi lesquelles la daya, passent la nuit de noce avec elle. Ces femmes auront déjà donné la vie et seront à l’âge de la ménopause. La tradition veut en effet qu’il y ait danger pour la mariée qui a ses règles (elle peut mourir ou connaître de graves problèmes de santé) à passer cette nuitlà avec son époux. Ces femmes dorment donc à côté d’elle jusqu’à l’appel à la prière de l’aube ; ce n’est qu’alors qu’elles quittent la chambre nuptiale et que l’homme peut venir retrouver son épouse.
ne peuvent entrer dans la maison des épousailles ni partager les repas de noce. Il en va ainsi de la femme qui vient de sevrer son enfant : elle ne peut manger chez les mariés ni entrer dans la chambre nuptiale afin de ne pas porter malheur à la mariée, celle-ci pouvant être exposée à des afflictions et se trouver incapable d’enfanter. Les personnes qui viennent de perdre un parent sont dans le même cas : leur présence pouvant être de mauvais augure, elles ne peuvent faire partie de la table des mariés, ni assister à la cérémonie du mariage. Le dernier cas est celui de la mère qui a perdu un enfant en couches.
Au matin qui suit la nuit de noce, la mariée se pare pour recevoir les visiteurs qui viennent la féliciter et bénir son mariage. Elle porte tous ses bijoux en or, ainsi que ses habits neufs et s’assoit au milieu de la chambre nuptiale. Chaque fois qu’elle découvre son visage, elle reçoit une somme d’argent. Il est important que sa mère connaisse avec précision le montant de chaque don pour savoir ce qu’il lui incombera d’offrir, à son tour, dans des situations proches ou similaires. Ces visites à la mariée durent sept jours.
(fouler le seuil), la mariée fait venir sa mère pour lui faire découvrir ses nouvelles conditions de vie. Il incombe alors à la mère de lui donner des conseils pour qu’elle sache bien tenir sa maison. Il convient cependant qu’avant que la mariée ne franchisse le seuil de la maison de son époux, sa aâmma (bellemère) lui lave les jambes avec du riz, du musc et de l’eau de rose et lui remette une petite somme d’argent dont elle fera l’aumône à quelque pauvre. Le riz symbolisera l’attachement de l’épouse à ce que toute sa subsistance lui vienne de sa nouvelle demeure qu’elle se doit d’entretenir au mieux. La mariée reçoit ensuite de l’eau dont elle va asperger toute la surface de la maison et de l’huile dont elle va enduire chacune de ses portes. Par ces gestes elle signe son engagement à vivre dans cette maison, à en être la gardienne et à ne le quitter que pour sa dernière demeure ou si son époux vient à décéder.
Quant au jour du hawel (déplacement), qui est le douzième jour de la noce, les nouveaux mariés se rendent en visite chez le père de l’époux. La femme doit alors prendre avec elle la totalité du trousseau que sa mère lui a confectionné. Celle-ci a devoir, en prévision de cette visite, de recommander à sa fille de prendre le plus grand soin de son époux et de sa famille et de leur faire honneur par sa conduite, afin de bien leur signifier qu’elle vient d’une famille où elle a reçu la meilleure éducation. La mère recommande également à la belle-mère d’être patiente, attentive et compréhensive avec sa fille car celleci est encore jeune et a beaucoup à apprendre auprès de son aînée.
Sawssan Ismaël Abdallah - Bahreïn