LA DANSE POPULAIRE AU MAROC
Issue 24
La danse est un langage sans paroles, un langage autre que la parole, un langage d’après la parole, c’est une explosion de l’instinct de vie, d’une vie qui aspire à se libérer de l’ambivalence…
Si l’on prend en compte le genre des danseurs, la danse se divise entre masculine : les femmes sont exclues ; féminine : les hommes ne sont pas admis ; et mixte avec la participation des deux sexes. Autre critère : le nombre. Nous avons ainsi la danse individuelle, la danse à deux, en trio, en quadrille ou avec un nombre illimité de danseurs.
Les civilisations les plus anciennes ont connu la danse, tout au long de leur histoire. Cet art constitue une dimension très importante de leur histoire autant qu’un riche domaine d’étude et de recherche. La danse constitue une des formes d’expression les plus anciennes auxquelles l’homme a recouru pour dompter ses émotions. Elle est, en outre, généralement considérée comme le premier socle sur lequel les arts se sont construits.
Les Grecs estimaient que la danse est née avec la naissance même de l’univers. Elle fut dès l’abord l’expression naturelle de la joie autant qu’un élan de gratitude et de piété à l’égard des divinités. Elle a ensuite évolué au gré du développement de la vie sociale, se diversifiant selon les célébrations qui rythment cette vie, s’adaptant au rythme des applaudissements et des instruments à percussion, imitant les gestes de la vie quotidienne ainsi que les rites religieux et les autres manifestations de la présence du groupe.
On trouve au Maroc de nombreuses danses que l’on peut regrouper en quatre classes : la danse du ‘allawi ou du mankouchi ; celle du ahaydous ; celle des ahwach ; celle, enfin, de la kadra. Il s’agit de danses donnant lieu à diverses prestations, comme c’est le cas pour les ahwach qui sont pratiquées de deux manières différentes. Cette dernière danse ainsi que la kadra sont deux formes d’expression d’une beauté envoûtante, deux performances où l’on est invité à déchiffrer, comme à livre ouvert, une masse de significations, de suggestions, de symboles aussi féconds qu’ardus.
Les trois dernières classes – les danses du ahaydous, des ahwach et de la kadra – diffèrent de la première – la danse du ‘allawi ou du mankouchi – en ce que les spectateurs jouissent du double plaisir du chant et des figures dansées. Hommes et femmes y participent. Elle a, en outre, un caractère (ou, si l’on veut, un contenu) profane, à l’exception de quelques cas, comme la danse du khanjer (poignard) dans la province de Haha.
Pour la méthodologie adoptée dans ce travail, l’auteur commence par définir sur un plan général la danse (sens, origine, fonction, symbolique). Il s’arrête ensuite sur les différentes classes de danses qui se rencontrent au Maroc, en mettant l’accent sur certains types de pratiques, à partir d’une étude précise du cas de la danse des ahwach. Le travail est accompagné de deux annexes : la première est consacrée aux termes liés à la danse populaire ; la seconde illustre par des photographies les différentes danses.
L’auteur s’est appuyé dans son étude sur des approches scientifiques comme la mytho-lecture ou les analyses anthropologique, sociologique et historique.
Jilali Ghrabi
Maroc