L’ARCHITECTURE OASIENNE DANS LE SUD MAROCAIN Spécificités, fonctions et développement durable

Rachid Seddik

L’architecture oasienne est l’un des arts les plus importants du patrimoine culturel du sud marocain. C’est un héritage civilisationnel authentique qui témoigne du génie de l’homme oasien et des ses hautes aptitudes intellectuelles quant à l’organisation et à la gestion de l’espace et de l’environnement sahariens. S’ajoutent à cela divers facteurs naturels qui ont contribué à l’émergence d’une telle architecture et à son interaction avec les facteurs externes qui ont influé sur les oasis et, plus généralement, sur le Maroc. Cette architecture est un sujet de la plus haute importance dans la mesure où elle est le reflet de l’histoire, du patrimoine et de la culture de la société à travers les époques mais aussi de la résistance que celle-ci a opposée aux multiples mutations politiques, économiques et sociales. Cette étude se veut dans la mesure du possible une contribution à enrichir les enquêtes et recherches portant sur le bâtiment oasien, qu’il s’agisse de ksars, casbahs, entrepôts collectifs, mosquées, anciennes medersas, mausolées, etc. L’auteur met l’accent sur certaines fonctions et particularités de ce type de bâtiment mais aussi les principaux problèmes auxquels ce patrimoine oasien du sud du Maroc se trouve confronté au cours de la dernière période. Il formule des propositions en vue de la sauvegarde et du développement de cet héritage historique et civilisationnel. 

Le bâtiment oasien et saharien porte témoignage du génie de l’homme des oasis en matière d’architecture, de patrimoine, d’esthétique et de créativité artistique. Cette architecture ancestrale faite de matériaux locaux est révélatrice d’une culture et de techniques propres à la région et parfaitement adaptées à ses spécificités environnementales, mais aussi aux us et coutumes liées à la tradition et aux prescriptions de la religion musulmane. 

L’architecture oasienne du sud du Maroc est en outre soumise à des traditions civilisationnelles et à des facteurs historiques et sociaux tout autant qu’à l’interaction entre l’homme et son environnement oasien et désertique. Parmi ceux de ces facteurs qui ont largement contribué à la conception de cette architecture traditionnelle, il faut souligner la religion et le climat. Ce type de bâtiment fait partie des édifices historiques qui ont préservé l’intégrité de l’individu autant que son intimité et ses valeurs islamiques.

Ceci d’un côté, de l’autre, ce sont les données climatiques qui ont permis à l’individu d’être en constante harmonie avec son milieu naturel. L’homme a en effet été amené à s’adapter à cet environnement oasien et saharien. Au-delà de la simplicité de sa conception, le bâtiment traditionnel dans les oasis est en soi l’expression des valeurs et principes sur lesquels a reposé la vie des populations de cette région depuis les époques les plus reculées. Le recours aux matériaux locaux, pierre, argile, gypse, nous montre à quel point les hommes sont restés attentifs aux réalités de l’écologie et de l’environnement dans l’édification de leur culture oasienne. Celle-ci témoigne en soi d’un réel souci d’esthétique et de raffinement dans la conception d’un bâtiment parfaitement intégré à l’espace, au climat et à l’environnement sahariens. Il reste que la mise en valeur et la réhabilitation de ce patrimoine relèvent de la responsabilité collective. Tous les efforts et toutes les initiatives des institutions concernées par le patrimoine, la culture, le tourisme, le développement durable ainsi que les associations de la société civile doivent à cet égard se conjuguer dans la région des oasis.